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Publié le 2 Septembre 2016

Hello les gens ! J’ose à peine m’enquérir de votre état en cette période de rentrée (ou généralement post-vacances). Je pense fort à vous tous : commerçants, étudiants, chefs d’entreprise, salariés, free-lance, mannequins, soldat, retraité, musicien, chômeur… Courage pour septembre – quels que soient les défis à relever.

J’ai retrouvé mon bureau mardi dernier. Il n’avait pas bougé, évidemment. J’avais oublié mon mot de passe pendant le mois d’août, alors j’ai passé quarante-cinq minutes au téléphone avec le service informatique. Je me suis fait chambrer par la fille qui m’a dit qu’elle n’arrêtait pas de recevoir des appels de ce genre en ce moment. Que voulez-vous, Août m’a servi à effacer de ma mémoire tout souvenir douloureux de la clôture comptable de juillet, c’est-à-dire tout souvenir, quel qu’il soit. Donc forcément, je repars à zéro.

Mes collègues sont revenus. Parfois je me dis qu’on manque de films et de séries sur le milieu de l’entreprise. Attention, des œuvres réalistes, hein. Je pense à The Office bien sûr, ma bible absolue. Mais il faudrait plus. Le monde de l’entreprise est une source d’inspiration permanente, surtout les grands paquebots multinationaux où se pressent tous les jours des milliers de personnes. Hier, ma chef m’a mise en copie d’un mail mystérieusement intitulé « Projet Codify ». Dans le mail original, un mec basé au Maroc nous informe qu’ils vont « relancer le projet » (mais quel projet ?) et qu’ils vont impliquer des « équipes transverses » (oui, parce que nous on a une « organisation matricielle ». Ça veut dire que la description d'un poste ou d'une mission est à DEUX dimensions, eh oui, comme la télé : une zone géographique ET un sujet de compétences, par exemple. Dans la branche comptable, ça donne entre autres l’analyse des intérêts des prêts bancaires sur la zone Amérique du Nord. A noter qu’il y a déjà un mec qui analyse tous les intérêts à travers le monde, et au moins deux mecs en charge de la comptabilité de l’Amérique du Nord. Ces personnes travaillent le plus souvent à quelques couloirs de distance et ne connaissent pas l’existence les unes des autres. C’est splendide, c’est inefficace au possible, c’est la Matrice).

Bref, revenons à nos moutons. Le projet Codify. Aucune idée de ce dont il s’agit, jamais entendu parler. Ma chef répond à ce mail en me mettant en copie en disant : « Nombre Premier est revenue de vacances, n’hésitez pas à lui poser des questions ». Mais des questions sur quoi ? Ma chef travaille à deux mètres de moi mais deux jours plus tard, elle n’est toujours pas venue m’expliquer de quoi il s’agit. Cela dit, le Maroc non plus n’est pas venu me poser des questions. Ça se trouve, je n’existe pas réellement et tout ceci est un rêve.

Autre aberration de la grande entreprise : mon collègue Jean-Pierre. En vrai, il ne s’appelle pas Jean-Pierre, mais Jean-Autre chose, il a 36 ans et aucun loisir connu : il ne lit pas, il n’écoute jamais de musique (véridique), il ne pratique pas de sport, il va une fois par semaine au ciné, il regarde très peu la télé. Il a passé toutes ses vacances dans la bergerie familiale à filer un coup de main pour rentrer le foin pour l’hiver (revéridique). Jean-Pierre me fascine. Il est très gentil en tous cas, et je l’apprécie sincèrement. Mais il a aussi une autre caractéristique incroyable : il a peur de tout. Mais des peurs genre phobies hein, des peurs paniques et irrationnelles. Il a par exemple très peur de l’ascenseur, au point de ne pas pouvoir le prendre, même sur un étage. Bon, ça va encore, on bosse au cinquième. Mais si on était au trente-sixième étage d’une tour de la Défense, je ne vois pas bien comment il ferait.

Aussi, il a peur de l’eau car il ne sait pas nager (ou peut-être ne sait-il pas nager car il a peur de l’eau). Résultat, il ne va jamais sur un bateau. Même les bars-péniches qui peuplent les quais de Seine (et qui sont amarrés à l’année), ça lui fait peur. Enfin, il a peur de l’avion. Il a sûrement d’autres phobies, mais je vais m’arrêter là dans la liste (je pourrais faire un article entier sur JP). Il ne prend jamais l’avion. Pour finir, ce n’est pas une phobie, mais il est nullissime en anglais (ce qui n’est pas bien grave au quotidien, mais qui a son importance pour la suite).

Bon, ça va, vous avez un portrait mental de Jean-Pierre ?

Maintenant, devinez qui ils ont choisi pour travailler sur l’intégration comptable d’une filiale australienne ?

Si si.

Evidemment, ma chef l’a informé ce matin qu’il allait devoir partir une semaine à Sidney en Octobre pour rencontrer l’équipe sur place. Il est devenu blanc comme un linge, j’ai cru qu’il allait vomir. Ma chef lui a jeté un regard et a conclu « Bon, je vais leur dire de venir à Paris plutôt ».

Je peux te dire que moi, j’aurais filé dans le premier avion si c’était à moi qu’on l’avait proposé. Sauf que pour une raison obscure, moi je travaille sur une présentation Powerpoint pour un séminaire comptable où j’ai en tout et pour tout trois minutes de temps de parole.

Ainsi va la vie en entreprise ! On va faire avec et essayer de garder le moral. J’en profite pour dire que je suis consciente que je parle beaucoup d’émotions ou de sujets tristes sur le blog (mal-être en général, anxiété, courage ou manque de…) Peut-être parce que je ne parle presque jamais de ces sujets en vrai avec mes amis. Trop pudique, trop peur de gêner. Je suis désolée pour ceux que ça déprime (« Oh la la, on se marrait plus quand elle parlait de sexe »), mais je vais continuer (au gré de mes inspirations, bien sûr). Parce que c’est bien d’exprimer quand on va mal, sans avoir honte. Et c’est bien aussi de reconnaître quand on est heureux.

Sinon, côté sexe (eh oui ! Surprise), j’ai récemment eu pléthore de discussions intéressantes avec des personnes de mon entourage, notamment concernant la libido. Entre ceux qui ont toujours envie et ceux qui préfèrent dormir, ce n’est pas toujours facile. Mon conseil : encourager la masturbation (c’est sain, agréable et ça relâche la pression) et ne pas culpabiliser. On ne se refait pas !

J’ai aussi un autre conseil à vous donner : surtout, ne renversez pas une (petite) bouteille d'excellent lubrifiant sur le parquet de votre appartement. Parce que depuis trois mois, je me casse systématiquement la gueule en marchant à cet endroit-là.

Voilà, c’est tout pour aujourd’hui, à vous les studios/les bureaux : c’est le week-end.

Rédigé par Nombre Premier

Publié dans #Vie de bureau

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